En Europe, les maladies cardiovasculaires constituent un défi majeur pour la santé : elles représentent environ 11 millions de nouveaux cas par an et contribuent à environ 1,8 million de décès. Les tests de laboratoire de certains biomarqueurs servent à orienter les traitements, mais la fiabilité est compromise par la variation des résultats entre les tests, pour un même marqueur de la maladie.

Objectif

Ce projet a pour principal objectif de développer des méthodes de référence et des matériaux de référence certifiés pour la standardisation d’un panel de biomarqueurs (ApoA-I, B, C-I, C-II, C-III, E et Apo(a) ) permettant d’évaluer de manière plus fine que les tests conventionnels le risque des développer des maladies cardio-vasculaires Il est également prévu d’évaluer la valeur ajoutée de ces dosages et plus généralement des méthodes d’analyse avancée de lipoprotéines par rapport aux dosages de lipides.

Résumé et premiers résultats

En 2015, 49 millions de personnes vivaient avec une maladie coronarienne, ce qui implique de surveiller régulièrement leur état de santé à l'aide de biomarqueurs cardiaques dotés de tests médicaux certifiés. Des paramètres importants pour la santé de ces biomarqueurs, ainsi que leurs concentrations respectives et les écarts admissibles, sont définis dans des directives telles que la «Richtlinie der Bundesärztekammer» (directive de l’Association médicale allemande). Les laboratoires cliniques doivent ensuite prouver leur capacité à mesurer ces quantités lors de comparaisons interlaboratoires. Cependant, les résultats de ces comparaisons sont incohérents : par exemple, la comparaison CM4/17 sur la troponine cardiaque (cTn) organisée par l'Institut de référence en bioanalyse a donné un coefficient de variation de 85%. Actuellement, des méthodes de quantification de la cTn sont disponibles, mais aucune méthode de référence ou valeur de référence n’existe. De plus, les méthodes disponibles ne sont ni normalisées ni harmonisées et, dans la plupart des cas, la molécule cible n'a pas été caractérisée en détail.

 

 

 

 

La Société européenne de cardiologie (ESC) a introduit des lignes directrices sur la prévention, le diagnostic et le traitement des maladies coronariennes telles que l'insuffisance cardiaque aiguë et chronique. Les biomarqueurs tels que le peptide natriurétique pro-cérébral N-terminal (NT-proBNP) sont particulièrement importants pour l'évaluation du statut de l'insuffisance cardiaque. Pour les maladies coronariennes, les directives recommandent, entre autres, le MYO comme biomarqueur indicatif, en plus des tests médicaux standards de cTn. Le MYO dans le sang est un marqueur des dommages musculaires et ne se trouve généralement dans le sang qu'à de très faibles concentrations. Sa fonction de liaison à l'oxygène dans les tissus musculaires striés tels que les muscles cardiaques ou squelettiques est similaire à la fonction de l'hémoglobine dans le sang. Par conséquent, lorsque le muscle cardiaque est endommagé, la concentration de MYO dans le sang augmente. Cependant, comme il est également libéré lors d'autres lésions musculaires, il ne peut servir que de marqueur indicatif. Ainsi, des recherches à propos des variations de concentration de MYO lors de maladies cardiaques sont nécessaires.

Les apolipoprotéines jouent également un rôle important dans le métabolisme des lipides et dans les processus athérosclérotiques et sont des biomarqueurs importants pour l’évaluation du risque de maladie coronarienne. Cependant, à l'heure actuelle, les apolipoprotéines sont principalement mesurées dans des laboratoires cliniques experts et sont rarement utilisées pour le diagnostic en pratique clinique de routine. De plus, ces tests sont sensibles à la matrice et ne sont pas fiables dans certains états pathologiques. La mesure de biomarqueurs cardiaques avec des paramètres quantitatifs d'imagerie par résonance magnétique cardiaque (IRMc) est une nouvelle approche diagnostique. L’IRMc fournit des informations détaillées quantifiables sur la fraction d’éjection coronaire du patient, son volume diastolique final, son volume systolique final, son volume temps-cœur et sa masse cardiaque. Pour les patients atteints de coronaropathie, l'IRMc peut être utilisée pour quantifier l'étendue de l'infarctus aigu du myocarde par analyse volumétrique, ce qui permet de calculer la masse de tissu myocardique abîmé. Par conséquent, la comparaison des résultats de l'IRMc avec différentes techniques de diagnostic présente un grand intérêt pour l'estimation du risque de maladie coronarienne.

Le projet permettra ainsi de développer et documenter des procédures de mesure de référence pour la quantification traçable des protéines telles que la troponine cardiaque (cTn), la myoglobine (MYO), le peptide natriurétique cérébral 1-32, le peptide natriurétique cérébral pro-terminal (NT-ProBNP) et les apolipoprotéines, par spectrométrie de masse moléculaire et élémentaire couplée à diverses techniques de séparation. Ces procédures devront cibler des limites de quantification (LOQ) très basses pour ces biomarqueurs (par exemple, 10 ng / L à 100 ng / L pour cTn).

Des méthodes complémentaires telles que l'imagerie par résonance magnétique cardiaque (IRMc) en combinaison avec la tomographie par ordinateur devront être développées pour déterminer avec précision l'insuffisance cardiaque et la corrélation avec les résultats de l'analyse de biomarqueurs.

Impacts scientifiques et industriels

Promotion des méthodes développées dans le projet auprès des laboratoires, des fabricants de dispositifs médicaux et des associations médicales.

Réduction du risque de diagnostics incorrects,  du risque de décès de patients et contribution à réduire les coûts de soins de santé.

Partenaires

BAM (Allemagne), LGC (Royaume-Uni), PTB (Allemagne), UME (Turquie), Academisch Ziekenhuis Leiden (Netherlands), Assistance publique – Hôpitaux de Paris (France), Greater Glasgow Health Board (United Kingdom), Inst Cardiometabolisme Nutrition ICAN (France), Johann Wolfgang Goethe-Universität Frankfurt am Main (Germany), Stiftung für Pathobiochemie und Molekulare Diagnostik (Germany), Uppsala Universitet (Sweden)