Les horloges atomiques de nouvelle génération (horloges optiques) montrent déjà des performances meilleures (de plus d’un ordre de grandeur) que les horloges micro-ondes « classiques », atteignant même des incertitudes inférieures à 1×10-17. Cela les rend particulièrement prometteuses pour des applications spatiales, de physique fondamentale, ou de science de la Terre, telles la navigation géolocalisée, l'observation de la Terre, etc.

Cependant, le problème de la comparaison de ces horloges, à hauteur de leurs performances, en sol-espace ou sur des distances intercontinentales, n'a pas encore été résolu actuellement. Des solutions existent, sur des distances continentales, en utilisant des liens optiques fibrés. Et des essais pour reproduire ce type de lien en espace libre ont vu le jour, dont le projet Mini-DOLL.

Objectifs

Démontrer la faisabilité d’un lien optique cohérent à travers l’atmosphère turbulente en quantifiant le bruit de la transmission dans l'atmosphère et la limite basse de la puissance du signal reçu et les variations/ perturbations possibles du signal transmis à long terme.

Evaluer ce nouveau système en comparaison aux systèmes de liaison satellitaire déjà existants.

Résumé et premiers résultats

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SIB-TF-06 Fig1

Dans la première phase, en 2009, une expérience relativement simple a démontré la faisabilité du lien sol-sol sur une distance de 2,5 km, expérience encourageantes pour les futures comparaisons d’horloges à distance en utilisant la phase optique en espace libre. Le laboratoire a ainsi démontré que le principal effet perturbateur était dû aux turbulences atmosphériques qui pouvaient être compensé suffisamment pour que la technique soit intéressante pour les horloges actuelles et futures, et comparable aux liens fibrés, potentiellement sur des distances bien plus importantes. Ces résultats ont été publiés et confirmés récemment par une équipe américaine.

La suite du projet a consisté à étendre l’expérience à un lien sol-satellite en utilisant des coins de cubes embarqués sur des satellites existants. Ce projet a été l’occasion de relever de nombreux défis, essentiellement à cause du bilan de puissance de la liaison qui est très défavorable (< 1 pW de la puissance émise par le laser attendu au retour). Ce bilan est bien plus défavorable, d’au moins 6 ordres de grandeurs, que dans un lien avec émission de chaque côté (un laser dans le satellites). L’expérience Mini-DOLL vise donc à démontrer la faisabilité et à mesurer le bruit d’un tel lien dans des conditions particulièrement défavorables.

Pour cela, un nouveau montage a été nécessaire et développé au LNE-SYRTE entre 2010 et 2012. Ce montage inclut deux lasers stabilisés sur des fibres à délai avec une stabilité relativement bonne (< 10-13en fréquence relative) et la possibilité de balayer l’un des lasers de plusieurs dizaines de GHz d’une manière bien contrôlée afin de compenser l’effet Doppler dû au mouvement du satellite dans le ciel. Ce système de lasers et ses performances ont donné de très bons résultats et ont également été publiés.

Finalement, ce montage a été transporté à l’Observatoire de la Côte d’Azur (OCA) et installé sur le télescope MéO du site de Calern. Trois campagnes expérimentales ont eu lieu entre novembre 2012 et mars 2013. Initialement il a été prévu d’utiliser un système d’optique adaptative (OA) déjà sur place et fourni par l’ONERA afin d’améliorer le bilan de liaison et le pointage du satellite pour capter le signal retour. Malheureusement il s’est avéré que le système OA sur place n’était pas assez performant en termes de luminosité pour les satellites d’intérêt pour Mini-DOLL. Ainsi, le montage a dû être modifié pour essayer de capter un signal retour en l’absence d’OA, mais sans succès.

Malheureusement, l’expérience n’a pas été positive, et il va être nécessaire d’utiliser une optique adaptative opérationnelle, ou au minimum un suivi actif du satellite. Actuellement un nouveau banc d’optique adaptative est en cours de test sur MéO, et en fonction de ses performances, il est envisagé d’effectuer des nouvelles expériences avec Mini-DOLL.

Malgré tout, le projet Mini-DOLL a permis d’avancer significativement vers la réalisation de liens sol-satellite pour la comparaison d’horloges de nouvelle génération, mais aussi pour des applications dans d’autres domaines comme l’observation de la Terre et les télécommunications.

Impacts scientifiques et industriels

  • Démonstration de la faisabilité d'un lien sol-sol en utilisant la phase optique en espace libre ;
  • Comparaisons de fréquence intercontinentales.

Publications et communications

DJERROUD K. et al., “Coherent optical link through the turbulent atmosphere”, Opt. Lett., 35, 2010, 1479 – 1481, DOI: 10.1364/OL.35.001479.

CHIODO N. et al., “Lasers for coherent optical satellite links with large dynamics”, Applied Optics, 52, 2013, 7342-7351, DOI: 10.1364/AO.52.007342.