Le Laboratoire national de métrologie et d’essais (LNE), pilote du réseau de la métrologie française, aux côtés de chercheurs australiens et suédois, vient de publier une étude dans la revue The Lancet, démontrant qu’environ 15 % des patients victimes d’un infarctus ne présentaient aucun facteur de risque. Cette étude pointe notamment la nécessité d'identifier de nouveaux biomarqueurs pour prévenir les maladies cardio-vasculaires.

Les maladies cardio-vasculaires principale cause de mortalité dans les pays industrialisés

Avec 140 000 décès par an, les maladies cardio-vasculaires représentent en France la principale cause de mortalité, comme c’est le cas dans la majeure partie des pays industrialisés.

A l’heure actuelle, différents facteurs sont examinés pour estimer les risques de développement des maladies cardio-vasculaires. Une récente étude réalisée sur une base de données de 62 000 patients, et publiée dans la revue The Lancet, a démontré qu’environ 15 % des patients victimes d’un infarctus ne présentaient aucun facteur de risque. D’où la nécessité de trouver de nouveaux biomarqueurs pour prévenir ces maladies.

Les biomarqueurs permettent aujourd’hui de diagnostiquer de nombreuses pathologies. C’est le cas du glucose pour le diabète ou de la créatinine pour les insuffisances rénales.

Dans le cadre de la prévention des maladies cardio-vasculaires, les biomarqueurs lipidiques (cholestérol total, cholestérol-LDL, cholestérol-HDL, triglycérides) ont depuis longtemps fait l’objet d’une attention particulière. Mais différentes études ont montré que ces biomarqueurs étaient, d’une certaine manière, imparfaits. En effet, on a constaté un nombre très élevé de patients victimes d’un accident cardio-vasculaire pour lesquels la concentration des biomarqueurs conventionnels était normale et n’avait pas conduit à les identifier comme étant des patients à haut risque.

Conscients que les anomalies du métabolisme lipidique (par exemple l’excès de cholestérol) ne sont pas les uniques causes des maladies cardio-vasculaires, des travaux ont été initiés afin de mieux comprendre l’occurrence et les causes de ce que l’on peut appeler le « risque résiduel non diagnostiqué », c'est-à-dire les situations dans lesquelles les outils de diagnostic actuels ne permettent pas d’identifier les patients qui seront victimes d’un accident cardio-vasculaire.

Ces travaux ont conduit à la récente publication, dans The Lancet, d’une étude menée par des chercheurs français du Laboratoire national de métrologie et d’essais (LNE), aux côtés de chercheurs de l'université d'Uppsala (Suède), de la Faculty of Medicine and Health Sciences (Suède), du Royal Prince Alfred Hospital (Australie), du Royal North Shore Hospital and University of Sydney (Australie) et du The George Institute for Global Health (Australie). Celle-ci a été réalisée en utilisant la base suédoise Swedeheart, en analysant les données de 62 000 patients ayant été victimes d’un infarctus aigu du myocarde entre 2006 et 2018.

Les résultats de cette étude montrent qu’environ 15 % de ces patients ne présentaient aucun facteur de risque modifiable (diabète, hypertension, tabagisme, dyslipidémie). Par ailleurs, les patients sans facteur de risque ayant eu recours à une intervention coronarienne primaire (pose d’un stent par exemple) étaient aussi nombreux que ceux ayant au moins un facteur de risque (70 %). Une explication avancée est que les patients sans facteur de risque étaient moins susceptibles d’avoir bénéficié d’une thérapie « protectrice » (statines, bêta-bloquants,…).

Par ailleurs, les résultats montrent qu’après la survenue d’un accident cardio-vasculaire, les patients sans facteur de risque ont un taux de mortalité supérieur à ceux présentant au moins un facteur de risque (11 % contre 8 %), en particulier les femmes (18 %). Ces résultats soulignent la nécessité de disposer de données probantes pour mettre en place des thérapies adaptées rapidement après un infarctus, et ce sans présupposer que le risque de certains patients est faible.

De nouveaux biomarqueurs encore à identifier

Cette étude souligne notamment le besoin de disposer de biomarqueurs permettant d’identifier de manière plus fiable les patients présentant le risque le plus élevé de développer des maladies cardio-vasculaires avant la survenue de celles-ci.

Cette étude s’inscrit également en droite ligne du projet EMPIR CardioMet auquel les chercheurs du LNE participent, qui tente actuellement d’apporter une réponse à cette question. Les limitations des biomarqueurs conventionnels étant bien établies, un des objectifs de ce projet consiste à étudier le bénéfice apporté par une analyse plus fine des lipoprotéines, qui sont les transporteurs du cholestérol dans le sang. Le but est ainsi d’améliorer la prévention des maladies cardio-vasculaires.

La participation des chercheurs du LNE à cette publication, appuie la portée internationale des travaux menés sur le sujet depuis de nombreuses années, notamment en proposant des méthodes de dosages fiables.

Bibliographie

« Mortality in STEMI patients without standard modifiable risk factors : a sex disaggregated analysis from the SWEDEHEART registry », The Lancet, mars 2021.

Lire la publication

  • Laboratoire national de métrologie et d’essais (France)
  • Uppsala University (Suède)
  • Royal Prince Alfred Hospital (Australie)
  • Faculty of Medicine and Health Sciences (Suède)
  • Royal North Shore Hospital and University of Sydney (Australie)
  • The George Institute for Global Health (Australie)