La directive-cadre sur l'eau (DCE) établit une stratégie pour la protection et l'amélioration des milieux aquatiques en Europe. Parmi les polluants chimiques particulièrement préoccupants figurent les perturbateurs du système endocrinien (EDC) qui sont une menace pour la biodiversité et la santé publique.

Objectif

Développer des méthodes de mesure de substances d’intérêt émergent, harmonisées permettant de fournir des données fiables et traçables répondant aux exigences de la DCE.

Résumé et premiers résultats

L'eau est une ressource cruciale, et pour répondre à la demande en matière de qualité de l'eau, un ensemble ambitieux de directives européennes a été mis en place sous l'égide de la directive-cadre sur l'eau (2000/60/CE) et ses directives filles.

La décision (UE) 2015/495 spécifie une «liste de surveillance» des substances qui doivent être surveillées dans toute l'Europe. Trois hormones,ont été sélectionnées pour être incluses dans cette première liste : le 17-β-oestradiol (E2), le 17-α-éthinyloestradiol (EE2) et l’œstrone (E1). Le but est de disposer de mesures de qualité pour réaliser une analyse des risques liés à leur présence dans les systèmes aquatiques et in fine d’évaluer leur pertinence à devenir des substances prioritaires.

La surveillance des molécules figurant sur la liste devrait générer des données de haute qualité sur l’occurrence de ces substances. Cependant, la Commission Européenne a constaté l'absence de méthodes harmonisées de surveillance répondant aux exigences notamment en terme de limite de quantification. Les limites de détection maximales spécifiées dans la DCE sont de 0,035 ng/L pour EE2 et de 0,4 ng/L pour E1 et E2 ; ce qui est un très grand challenge. De plus Il n’existe actuellement aucune méthode permettant de garantir l’intégrité des échantillons entre l’échantillonnage et l’analyse, ni aucun outil pertinent de contrôle de la qualité permettant d’en garantir la fiabilité.

 

L’objectif général de ce projet est de développer des méthodes de mesure traçables pour les substances chimiques perturbant le système endocrinien, en mettant l’accent sur trois œstrogènes de la première liste de vigilance de la directive 2013/39 / CE : le 17-beta-estradiol (17βE2), le 17 alpha éthinylestradiol (17EE2) et l’estrone (E1) et ainsi  améliorer la comparabilité et la compatibilité des résultats de mesure en Europe. Deux autres œstrogènes 17-alpha-estradiol (17aE2) et estriol (E3) seront inclus pour démontrer la fiabilité des méthodes développées. Les méthodes développées répondront aux exigences  de la directive 2009/90/CE et de la décision de mise en œuvre de la Commission (UE) 2018/840.

Les objectifs spécifiques du projet sont les suivants:

  1. Optimiser et valider des méthodes de référence traçables basées sur la spectrométrie de masse pour l'analyse des 5 composés œstrogéniques dans les eaux brutes, en donnant la priorité à 17βE2, 17EE2 et E1. Les méthodes auront une limite de quantification (LQ) ne dépassant pas 30% de la norme de qualité environnementale NQE avec une incertitude de mesure ≤ à 50% à la NQE
  2. Évaluer l’interaction et le partage de 5 composés œstrogéniques, entre la phase aqueuse et les particules en suspension, ainsi que la capacité des méthodes développées à analyser les différentes fractions de la matrice (eau totale, fraction dissoute) en accordant la priorité à 17βE2, 17EE2 et E1.
  3. Développer des méthodes de production de matériaux de référence aqueux, aussi proches que possible des échantillons d'eaux réels, avec une homogénéité et une stabilité à court et à long terme prouvées.
  4. Améliorer la comparabilité des mesures d'œstrogènes avec certaines méthodes basées sur les effets (EBM) dans des échantillons d'eau brute au niveau réglementaire (NQE). Les méthodes auront été correctement étalonnées et des informations sur les incertitudes seront fournies.
  5. Organiser et effectuer une comparaison interlaboratoires (CIL) afin de démontrer la performance des méthodes développées en utilisant le(s) matériau(x) de référence (RM) pour les substances œstrogènes sélectionnées.
  6. Contribuer aux travaux des principales organisations de normalisation européennes et internationales, par exemple CEN TC 230 et ISO TC 147 en s'assurant que les résultats du projet sont alignés sur leurs besoins et communiqués rapidement à ceux qui élaborent les normes et à ceux qui les utiliseront pour soutenir la mise en œuvre de la réglementation, et ce sous une forme pouvant être incorporée dans les normes rapidement.

Partenaires

UME (Turquie), MIRS/KI/L05 (Slovénie), MIKES-SYKE (Finlande), BAM (Allemagne), CNRS (France), Institut Jožef Stefan (Slovénie), Istituto Superiore per la Protezione e la Ricerca Ambientale (Italie), Université de Bordeaux (France)