Résumé de la thèse

Au cours des dernières décennies, les expériences visant à mesurer des antineutrinos menées à courtes et longues distances de réacteurs nucléaires et utilisant des détecteurs basés sur la désintégration β inverse (IBD) ont révélé un déficit systématique et significatif d'antineutrinos détectés par rapport aux flux prédits. Outre cet écart de flux, appelé anomalie des antineutrinos de réacteur (RAA), une différence dans la forme des spectres mesurés par rapport aux prédictions reflétant l'état de l'art a été observée. Aucune preuve d'un biais expérimental n'a été mis en évidence comme étant à l'origine de ces divergences, et l'interprétation de la RAA comme une nouvelle oscillation de neutrino avec un état stérile est pour l’instant défavorisée par de récentes expériences placées à courtes lignes de vol d’un réacteur. La validité des prédictions est aussi remise en question comme source des divergences observées, ce qui a motivé une révision des modèles de spectres d'antineutrino de réacteur. Dans ce contexte, une nouvelle prédiction a été développée et est présentée dans cette thèse de doctorat. Les antineutrinos de réacteur sont émis lors de la désintégration β⁻ des produits issus de la fission du combustible nucléaire (²³⁵U, ²³⁸U, ²³⁹Pu, ²⁴¹Pu). Lors d’une telle transition, un noyau excité éjecte en corrélation un électron et un antineutrino. La probabilité d’émission totale et les spectres en énergie associés à chacune de ces deux particules sont caractéristiques du noyau initial et du noyau final, et dépendent de leurs structures nucléaires et atomiques. Le spectre antineutrino émis par un cœur de réacteur résulte ainsi de la superposition de milliers de spectres β. La prédiction revisitée est basée sur la méthode par sommation qui consiste à modéliser chacune de ces transitions β. Une modélisation avancée de la théorie de la désintégration β a été utilisée pour inclure différents effets dus à l'interaction électromagnétique entre l'électron émis et le noyau fils par un traitement numérique. Les données nucléaires expérimentales les plus récentes sont utilisées pour modéliser les milliers de désintégrations contribuant au spectre antineutrinos d'un réacteur, incluant les mesures de spectroscopie d'absorption totale γ. Une propagation détaillée des incertitudes associées à la fois à la modélisation et à l'évaluation des données nucléaires a également été effectuée, permettant de générer un budget d'incertitude cohérent et conservatif pour les spectres ainsi modélisés. La nouvelle modélisation par sommation est finalement comparée à l'état de l'art des prédictions de spectre de réacteur, et ses améliorations et limitations sont discutées en considérant des jeux de données IBD collectées par de récentes expériences réacteurs à courtes et longues lignes de vol.

Mots clés

neutrino, réacteur, particule, modélisation, calcul numérique, désintégration β

Texte intégral

Publications

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H. Rabus, J.-M. Gomez-Ros, C. Villagrasa, J. S. Eakins, T. Vrba, V. Blideanu, M. Zankl, R. J. Tanner, L. Struelens, H. Brkić, C. Domingo, G. Baiocco, B. Caccia, C. Huet, P. Ferrari, “Quality assurance for the use of computational methods in dosimetry: activities of EURADOS Working Group 6 - Computational Dosimetry”, Journal of Radiological Protection, 2021, 41, 46-58, DOI:10.1088/1361-6498/abd914.

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A. Röttger, A. Veres, V. Sochor, M. Pinto, M. Derlacinski, M. Ioan, A. Sabeta, R. Bernat, C. Adam-Guillermin, J. Gracia Alves, D. Glavic-Cindro, S. Bell, B. Wens, L. Persson, M. Živanovic´ and R. Nylund, “Metrology for radiation protection: a new European network in the foundation phase”, Advances in geosciences, 2021, 57, 1-7, DOI :10.5194/adgeo-57-1-2021.

A. Rousseau, C. Stien, M. Baumann, J.-M. Bordy, V. Blideanu, “OD57 - Dual wavelength reading method of Fricke-Xylenol orange-Gelatin gel dosimeters with cone-beam optical CT scanner for applications in stereotactic radiotherapy”, Physica Medica, 2021, 92, 582-583, DOI: 10.1016/S1120-1797(22)00174-0.

Communication

Y. Ménesguen, M.-C. Lépy, “Metrology of thin layer deposition with combined XRRGIXRF analysis at SOLEIL synchrotron”. Proceedings of SPIE Advanced Lithography Conference, SPIE AL 2021​​​​​​, San Jose, USA, DOI:10.1117/12.258370222-26 février 2021.

J. Tran, M. Agelou, M.-N. Amiot, G. Boissonnat, C. Dehe-Pittance, H. Girard, D. Lazaro, V. Simic, D. Tromson, “Flexible radiochromic dosimeters development for complex irradiation beams”. Proceedings of 11th International Conference on 3D Radiation Dosimetry, Quebec, Canada, DOI:10.1088/1742-6596/2167/1/01200215 juin 2021.

Le LNE-IRSN dispose de deux sources radioactives de référence (252Cf et 241Am-Be) dont le débit d’émission neutronique a été initialement déterminé par la méthode du bain de manganèse au LNE-LNHB. Ces sources constituent la référence primaire du LNE-IRSN en matière de débit de fluence et de grandeurs dosimétriques associées. L’objectif du projet est de proposer une méthodologie à mettre en œuvre pour pouvoir justifier de la correction à appliquer à la décroissance du débit d’émission au cours du temps en prenant en compte la présence de 250Cf pour les sources de 252Cf ou d’une modification interne dans le cas des sources de 241Am-Be, ce qui n’est pas le cas aujourd’hui.

Objectifs

Pouvoir justifier de la correction à appliquer à la décroissance du débit d’émission pour tenir compte de la présence de 250Cf pour les sources de 252Cf ou d’une modification interne dans le cas des sources de 241Am-Be.

Assurer une meilleure évaluation de l’incertitude ainsi que la traçabilité au SI.

Répondre au besoin de suivi des sources de 252Cf et de 241Am-Be mentionné dans la norme ISO 8529.

Résumé et premiers résultats

Le LNE-IRSN assure, pour le compte du LNE, les références françaises pour le débit de fluence neutronique et les grandeurs dosimétriques associées. Ces références sont principalement assurées par deux sources de neutrons : une source de 252Cf et une source de 241Am-Be. Ces sources sont étalonnées en débit d’émission au LNE-LNHB auprès du dispositif dit du « bain de manganèse ». L’activité de ces sources diminue avec le temps en suivant, en première approche, la demi-vie de ses isotopes principaux (252Cf et 241Am). Cependant, la présence d’isotopes et le vieillissement des sources impliquent une décroissance radioactive légèrement différente de celle de ses isotopes principaux et des différences significatives peuvent apparaître après plusieurs années. Des dispositions spécifiques sont prisent pour tenir compte de ces modifications et assurer les références. La méthode actuelle de raccordement sur une autre source avec une sonde de contrôle (LB6411) pose la question du raccordement à la référence initiale et à l’équivalence des spectres neutroniques.

Un ré-étalonnage au LNHB serait possible mais nécessiterait un déplacement physique des sources tous les 5 ans ce qui est peu envisageable de par la lourdeur et le coût de cette opération. Aussi, aucune solution actuelle n’est pleinement satisfaisante pour le LNE-IRSN. En parallèle, les scintillateurs sont des étalons secondaires étalonnés par la technique dite « du temps de vol » sur un champ de neutron de référence. Cette opération complexe a généralement lieu à la PTB (Allemagne). Or les scintillateurs peuvent voir leur réponse évoluer au cours du temps. Ces modifications peuvent être difficiles à observer et plus encore à quantifier. Aussi, la vérification sur site de la validité de ces étalons secondaires est également souhaitable.

Une nouvelle méthodologie utilisant les nouvelles possibilités offertes par les acquisitions numériques du marché est proposée. Cette méthodologie permettra de déterminer, sur site, la décroissance radioactive des deux sources en utilisant quatre détecteurs de type « scintillateurs » et ainsi d’appliquer une correction adéquate au débit d’émission neutron.

A terme, la méthodologie proposée permettra ainsi de vérifier, par croisement d’informations, la validité des réponses des quatre scintillateurs du LNE-IRSN et de déterminer la décroissance des sources de référence. En effet, la modification d’une des fonctions réponses d’un scintillateur sera identifiable via la méthode dite « du temps de vol du neutron ». Pour les sources, une variation d’activité pourra être identifiée par les scintillateurs.

Ce faisant, la traçabilité au SI sera simplifiée et améliorée. Les laboratoires ou les industriels disposant de sources et/ou de détecteurs similaires pourront bénéficier directement de ce travail au travers de prestations de service ou de transfert de technologie.

Impacts scientifiques et industriels

Mise en œuvre de la référence, nouvelles capacités de mesures

La méthodologie proposée doit permettre de suivre la décroissance du débit d’émission des sources du LNE-IRSN. Directement, en cas de signature expérimentale, ou indirectement, à partir du suivi de la décroissance de la source, la méthodologie permettra de déterminer le rapport 250Cf/252Cf. En cas d’identification d’une signature expérimentale, le dispositif expérimental sera susceptible d’être utilisé pour déterminer ce rapport pour d’autres sources du même type.

La méthodologie proposée permettra également de mesurer les distributions en énergie de la fluence des sources de 241Am-Be sur la gamme de mesures des scintillateurs et d’assurer une intercomparaison dans la limite des performances du montage expérimental.

Transfert et bénéfice pour l’industrie

A terme, il sera possible de réaliser des étalonnages de sources neutrons sur site. La méthodologie pourrait être appliquée pour déterminer partiellement (ou pour vérifier) la réponse en lumière de scintillateurs.

Impact sur la normalisation

La norme ISO 8529 pourrait proposer, dans une future révision, la méthodologie proposée dans cette fiche comme une alternative aux autres possibilités (appareil de transfert, étalonnage au banc de manganèse, etc.).

Les traitements par radiothérapie évoluent, d'une part, vers des tailles de champs d'irradiation de plus en plus petites pour se conformer au mieux au volume de la tumeur tout en sauvegardant les tissus sains environnants et, d'autre part, vers l’hypo-fractionnement. Ce dernier mode de traitement consiste à administrer une dose de rayonnements plus importante en un nombre de fractions réduit. Ces techniques de traitement réalisées avec de nouvelles machines sont rassemblées sous le vocable de radiothérapie stéréotaxique. Ces techniques nécessitent des adaptations des contrôles qualité du point de vue métrologique.

Objectifs

Développer et caractériser métrologiquement une méthode de contrôle qualité de plan de traitement en conditions d’irradiation stéréotaxiques, basée sur l’utilisation de films radiochromiques et du lecteur de films conçu et construit au LNE-LNHB.

Utilisation des références dosimétriques en termes de produit dose-surface établies par le LNE-LNHB pour rapprocher les conditions de référence des conditions de traitement stéréotaxiques, et ainsi réduire les incertitudes afin d’améliorer la traçabilité lors de la validation métrologique de la méthode de contrôle qualité.

Résumé et premiers résultats

Les traitements par radiothérapie évoluent, d'une part, vers des tailles de champs d'irradiation de plus en plus petites pour se conformer au mieux au volume de la tumeur tout en sauvegardant les tissus sains environnants et, d'autre part, vers l’hypo-fractionnement. Ce dernier mode de traitement consiste à administrer une dose de rayonnements plus importante en un nombre de fractions réduit. Ces techniques de traitement réalisées avec de nouvelles machines sont rassemblées sous le vocable de radiothérapie stéréotaxique. Du fait de la nature complexe de ces techniques, des contrôles qualité spécifiques ont été développés et sont réalisés en routine pour assurer la bonne délivrance de la dose planifiée. Ils consistent à comparer, dans une configuration spécifique au patient, la distribution de dose mesurée à celle prévisionnelle, calculée à l’aide du logiciel de planification de traitement associé aux machines de radiothérapie. Ce contrôle qualité est réalisé dans des conditions d’irradiation très différentes et éloignées des conditions d'étalonnage des dosimètres, telles que proposées dans les protocoles internationaux, ainsi que dans les conditions d’irradiation mises en oeuvre lors de mesures primaires. La traçabilité métrologique des résultats n’est de ce fait pas clairement établie et l’incertitude associée aux dosimètres utilisés mal connue.

Or, les films radiochromiques, dosimètres fréquemment utilisés en stéréotaxie pour leur équivalence à l’eau et leur très bonne résolution spatiale, permettent d’obtenir une cartographie de dose à deux dimensions (2D) comparable à la cartographie de dose planifiée à l’aide du TPS. Aussi, le LNE-LNHB se propose de développer un contrôle qualité, assurant la traçabilité métrologique pour ces nouvelles techniques de traitement, basé sur l’utilisation de films radiochromiques. Pour ce faire, le LNE-LNHB mettra à profit son expertise, quant à l’utilisation de ces films, notamment acquise lors de l’établissement de références primaires pour les faisceaux stéréotaxiques.

Impacts scientifiques et industriels

  • Mettre au point une méthode de contrôle qualité des plans de traitements en conditions d’irradiation stéréotaxiques, assurant une traçabilité métrologique et basée sur l’utilisation de films radiochromiques ;
  • Promouvoir l’utilisation et le développement commercial du lecteur de films radiochromiques conçu et construit au LNE-LNHB ;
  • Promouvoir, pour les champs de petites tailles, l'utilisation de la grandeur « produit dose-surface » afin d'améliorer la précision dosimétrique des traitements tout en respectant les procédures existantes adaptées aux machines commercialement disponibles.

Partenaires/Collaborations

Collaboration avec l’Institut de Cancérologie de l'Ouest à Angers.

Ce projet porte sur l’utilisation des calorimètres métalliques magnétiques (MMC) pour la mesure absolue d’activité, pour la détermination de données nucléaires et atomiques, en particulier la spectrométrie bêta et des captures électroniques, et pour établir une nouvelle échelle d’énergie pour l’étalonnage de détecteurs par une mesure de précision encore inégalée des énergies de plusieurs raies X et gamma de quelques radionucléides bien sélectionnés.

Objectifs

Développement d’une nouvelle méthode primaire de mesure d’activité, indépendante du schéma de désintégration.

Mesure du spectre de la capture électronique du 51Cr avec une très haute résolution en énergie.

Mesure de la forme du spectre bêta du 129I et d’autres isotopes émetteurs bêta d’intérêts.

Mesure d’énergies de transitions X et gamma avec une incertitude de l’ordre de 0,1 eV en dessous de 100 keV

Résumé et premiers résultats

Les calorimètres métalliques magnétiques (MMC) ont permis de mesurer des données de désintégration de plusieurs radionucléides avec une précision inédite, grâce à la fois à une résolution en énergie très élevée, un seuil en énergie très bas et un rendement de détection proche de 100 % notamment à très basses énergies.

La qualité et l’importance de ces travaux ont été soulignées par le financement de trois projets EMPIR construits essentiellement autour de la mesure de données avec des MMC. Le dernier de ces projets, PrimA-LTD, débuté en juin 2021, correspond au premier des trois volets de ce projet. La première partie du projet PrimA-LTD est la plus innovante : il s’agit de développer une nouvelle technique de mesure absolue d’activité basée sur les MMC, moins sujette aux effets systématiques des méthodes actuelles, car moins dépendante du schéma de désintégration. D’autres parties du projet concernent la mesure de données de deux radionucléides avec une haute résolution en énergie combinée à une forte statistique (~ 108 désintégrations mesurées). Le spectre de la capture électronique du 55Fe en géométrie 4π sr pour la détermination précise des probabilités de capture sur les couches K, L en M et notamment sur les sous-couches L. Le spectre bêta du 129I sera mesuré à partir d’une énergie quasi nulle en raison d’une particularité de cette désintégration.

Le deuxième volet de ce projet propose de mesurer des spectres bêta et de capture électronique non considérés dans le projet PrimA-LTD qui se limite à un seul radionucléide par type de désintégration (alpha, bêta et capture électronique). Il s’agit des spectres bêta du 14C et du 36Cl et du spectre de capture électronique du 51Cr. Les deux spectres bêta ont en principe déjà été mesurés avec des MMC, mais en raison de conditions expérimentales les spectres n’ont pas la qualité escomptée. L’intérêt principal de la mesure du 51Cr est que l’activité de ce nucléide peut être mesurée de façon absolue par la méthode des coïncidences ; la comparaison de la méthode des coïncidences avec la méthode RCTD en scintillation liquide permettra d’évaluer la justesse de la mesure d’activité par cette dernière quand elle peut avoir recours à des données de désintégration du 51Cr fiables, déterminées avec précision dans le cadre de cette fiche projet.

Le troisième volet propose la définition d'une nouvelle échelle de référence en énergies X et gamma. En effet, les incertitudes sur les énergies de nombreuses raies X et gamma sont relativement élevées. Certains projets de recherche fondamentale ainsi que les développements vers l’utilisation de la transition gamma du 229mTh pour une horloge nucléaire requièrent une échelle plus précise en énergie pour l’étalonnage de leur instrumentation. La mesure des énergies de raies X et gamma de quelques radionucléides sélectionnés avec une incertitude de l’ordre de 0,1 eV, grâce à l’excellente résolution en énergie des MMC est un autre objectif de ce projet.

Impacts scientifiques et industriels

  • Mise à disposition d’une nouvelle technique de mesure absolue d’activité, notamment pour des radionucléides émetteurs de photons de très basses énergies ou émetteurs bêta purs, pour lesquels la mesure d’activité par d’autres méthodes est souvent problématique.
  • Réduction des incertitudes de mesure absolue d’activité obtenues par d’autres méthodes grâce à la mise à disposition de données de désintégration pour des radionucléides où ces méthodes rencontrent des difficultés.
  • Contribution à une meilleure connaissance des désintégrations par interaction faible, et notamment au développement du code BetaShape via la mise à disposition de données de désintégration précises.
  • A moyen terme, un impact direct en médecine nucléaire, par la fourniture de données concernant de nouveaux radionucléides utilisés pour le diagnostic ou le traitement, soit par mesure directe des nucléides concernés, soit en contribuant au développement du code BetaShape afin que celui-ci puisse être appliqué à tout type de transition par interaction faible (désintégration bêta ou capture électronique).
  • Fournir de nouvelles références en énergie de transitions X et gamma pour réduire les incertitudes d’étalonnage en énergie de spectromètres à dispersion d’énergie utilisés dans diverses expériences de physique fondamentale.

Projets connexes

Projet EMPIR PrimA-LTD

Microfabrication de calorimètres métalliques magnétiques

Partenaires/Collaborations

  • Université de Heidelberg (UHEI) – partenaire dans le projet EMPIR PrimA-LTD ; fabrication de MMC
  • PTB – partenaire dans le projet EMPIR PrimA-LTD
  • Karlsruher Institut für Technologie (KIT) – partenaire dans le projet EMPIR PrimA-LTD ; conception et design de MMC
  • CNRS / C2N – partenaire dans le projet EMPIR PrimA-LTD ; fabrication d’absorbeurs et développement d’argent nano-structuré
  • CEA/IRFU – programmation d’un système d’acquisition multi-voies
  • Johannes Gutenberg-Universität Mainz (JGU) – partenaire dans le projet EMPIR PrimA-LTD ; séparation chimique des radionucléides ; fabrication de sources
  • Centre hospitalier universitaire vaudois (CHUV) – partenaire dans le projet EMPIR PrimA-LTD ; mesure d’activité d’échantillons des différents radionucléides après mesure par MMC
  • Centro de investigaciones energeticas, medioambientales y tecnologicas (CIEMAT) – partenaire dans le projet EMPIR PrimA-LTD ; mesure d’activité d’échantillons de différents radionucléides après mesure par MMC

Le LNE-LNHB est le laboratoire de métrologie pionnier quant à l’introduction de détecteurs cryogéniques pour la mesure de rayonnements ionisants émis par des radionucléides. Face, d’une part, à une compétition accrue entre les laboratoires de métrologie impliquant l’utilisation de détecteurs cryogéniques pour la métrologie des rayonnements ionisants, et d’autre part, à la difficulté pour le LNE-LNHB d’acquérir de nouvelles puces, le laboratoire a souhaité s’engager dans la production de ses propres détecteurs.

Objectifs

Produire les premières puces de MMC (calorimètres métalliques magnétiques) par le LNE-LNHB au Centre de Nanosciences et de Nanotechnologies (C2N) du CNRS.

Assembler un détecteur prototype avec les puces MMC produites.

 

Mesurer un spectre en énergie de photons X et gamma pour évaluer les performances des puces fabriquées.

Résumé et premiers résultats

Les détecteurs cryogéniques sont des spectromètres en énergie avec des performances inaccessibles aux spectromètres conventionnels notamment en ce qui concerne la résolution en énergie. Le LNE-LNHB a introduit les détecteurs cryogéniques de type MMC en métrologie des rayonnements ionisants au début des années 2000. Au vu des excellents résultats obtenus, d’autres laboratoires de métrologie nationaux s’impliquent et/ou s’intéressent aujourd’hui aux détecteurs cryogéniques. Par ailleurs, jusqu’à présent, les MMC utilisés par le LNE-LNHB étaient produits par le KIP Heidelberg par microfabrication, les puces de MMC étant spécifiques et optimisés pour les besoins du LNE-LNHB. Aujourd’hui, le KIP Heidelberg n’est plus en mesure de fournir les puces de MMC comme par le passé.

Face, d’une part, à une compétition accrue entre les laboratoires de métrologie impliquant l’utilisation de détecteurs cryogéniques pour la métrologie des rayonnements ionisants, et d’autre part, à la difficulté pour le LNE-LNHB d’acquérir de nouvelles puces MMC, nous souhaitons nous engager dans la production de MMC avec l’opportunité d’utiliser la plateforme technologique du C2N récemment installée sur le plateau de Saclay. A l’issue de ce projet de deux ans, l’objectif est de fabriquer un détecteur prototype MMC utilisant une puce produite au C2N. Chacune des parties fonctionnelles du MMC devra être produite et caractérisée afin d’atteindre la qualité recherchée de films minces.

Impacts scientifiques et industriels

- Maitrise de la production de MMC par le LNE-LNHB.

- Indépendance vis-à-vis de partenaires extérieurs au bénéfice de projets internes ou nationaux.

- Maintien du leadership en métrologie des rayonnements ionisants avec des détecteurs cryogéniques.

- Rester un partenaire incontournable aux projets européens impliquant des détecteurs cryogéniques.

Partenaires/Collaborations

Le CNRS/C2N interviendra sur les différents processus de fabrication et caractérisation des couches minces. Le personnel du LNE-LNHB sera directement impliqué sur la plateforme technologique du C2N. Le personnel du CNRS/C2N formera, conseillera et aidera le personnel du LNE-LNHB. Un accord de collaboration est déjà en place.

Le KIP de l’université de Heidelberg, le KIT de l’université de Karlsruhe ou l’IBS pourront intervenir dans le projet sous forme d’expertise ou de conseil. Eventuellement, certaines étapes de microfabrication et de caractérisation pourraient être faites dans un de ces laboratoires si des difficultés insurmontables étaient rencontrées au CNRS/C2N.

L’utilisation d’accélérateurs de particules pour des applications médicales conduit à l’activation de matériaux. Ces derniers, lors du démantèlement des installations concernées, constituent des déchets radioactifs dont la caractérisation précise est essentielle afin d’identifier les bonnes filières d’entreposage et de recyclage.

Tous ces aspects d’un grand intérêt pour la communauté ne peuvent pas être traités actuellement avec une bonne précision, car la seule méthode d’évaluation disponible consiste en la réalisation d’un contrôle sur site des pièces activées en utilisant des méthodes de mesure simples. Ce projet a comme objectif d’apporter une réponse adéquate à la gestion des déchets radioactifs issus du démantèlement des accélérateurs utilisés dans les applications médicales.

Objectifs

Mise en place d’une méthodologie reposant sur l’utilisation des codes de calcul les plus performants afin de déterminer précisément le spectre radiologique créé lors du fonctionnement des accélérateurs de radiothérapie. 

Sur la base des résultats obtenus pour les générations actuelles d’accélérateurs, des propositions d’amélioration seront formulées concernant la composition des matériaux qui pourront être utilisés dans la construction des nouvelles machines, d’une part afin de réduire la radioactivité globale induite, d’autre part de minimiser la création de radionucléides émetteurs β purs.

Identifier de nouveaux besoins en termes de données nucléaires de désintégration. Ainsi, la pertinence des bases de données sera améliorée au regard des applications liées au démantèlement des accélérateurs médicaux, et les codes de calcul utilisés gagneront en précision par l’intégration de données de qualité métrologique. 

Résumé et premiers résultats

La radioactivité induite dans les installations utilisant des accélérateurs dédiés aux applications médicales conduit à la création de déchets radioactifs dont la caractérisation précise est essentielle pour les opérations de démantèlement de ces installations afin d’identifier les bonnes filières d’entreposage et de recyclage. Le projet permettra la mise en place d’une méthodologie rigoureusement validée pour la détermination du spectre radiologique des pièces activées des accélérateurs médicaux.

Cette problématique n’a jamais été précisément traitée, les accélérateurs médicaux n’ayant pas une grande ancienneté. De fait, les aspects liés à leur démantèlement commencent juste à être abordés sous l’impulsion des principaux acteurs (exploitants, entités en charge de la gestion des déchets, sociétés en charge des chantiers) compte tenu de la taille du parc actuel.

La connaissance précise de l’activation induite permettra, outre une meilleure gestion des déchets issus du démantèlement des accélérateurs médicaux en définissant les bonnes filières, d’en optimiser les flux vers les différents entreposages ou réutilisations.

Au-delà du besoin exprimé par la communauté en France, ces travaux s’inscrivent dans un contexte plus large au niveau international. Le parc des accélérateurs médicaux dans le monde suit la même tendance croissante qu’au niveau national et les chantiers de démantèlement vont se multiplier les prochaines années. Grâce à ces travaux précurseurs dans le domaine, le LNE-LNHB en proposant une méthodologie précise et fiable pourra renforcer son positionnement à l’international.

Impacts scientifiques et industriels

  • Les travaux proposés auront un impact direct sur les aspects de la gestion des déchets radioactifs issus du démantèlement des accélérateurs médicaux, en assurant la précision adéquate des données qui sont à la base de la prise de décision concernant l’entreposage des pièces radioactives et le recyclage de celles présentant un niveau de radioactivité faible. Des bases de données comprenant les spectres radiologiques des composants des accélérateurs pour les deux principaux fabricants d’accélérateurs médicaux (VARIAN et ELEKTA) seront publiées, après accord des constructeurs.
  • Ce projet abordera également les améliorations à apporter au design des futurs accélérateurs de radiothérapie du point de vue de la quantité et la composition des déchets générés par leur fonctionnement. Des solutions alternatives seront proposées pour les compositions des matériaux afin de réduire le niveau de radioactivité induite avec une faible contribution des émetteurs β purs, très difficiles à mesurer contrairement aux émetteurs γ. Les résultats de cette analyse seront rendus accessibles à la communauté incluant les fabricants des accélérateurs et les futurs utilisateurs.
  • Les résultats de ce travail donneront accès à une information plus complète permettant un niveau de confiance accru entre les fabricants et les futurs exploitants avec la prise en compte désormais possible des aspects liés à la radioactivité induite et au coût du démantèlement ultérieur, souvent négligés lors de l’acquisition et l’installation d’un nouvel équipement.

Partenaires/Collaborations

  • Les travaux concernant les irradiations en champs de neutrons seront potentiellement réalisés en collaboration avec les équipes du CEA-DRF auprès de l’installation NFS du GANIL, et/ou celles LNE-LMDN de l’IRSN auprès de l’installation AMANDE.
  • L’objectif premier de ce projet étant de fournir des informations précises et consolidées pour assurer une meilleure gestion des déchets radioactifs dans le cas des accélérateurs médicaux, le LNE-LNHB continuera d’être en contact étroit avec les acteurs nationaux dans le domaine du démantèlement et notamment avec l’Andra (Agence Nationale de gestion des Déchets RAdioactifs).

Le réseau européen de surveillance de l’environnement est parmi les plus denses au monde, il a pour objectif de fournir en temps réel une cartographie de la radioactivité sur le continent. Au-delà d’une mesure des niveaux de l’exposition due à la radioactivité naturelle et aux activités industrielles en fonctionnement normal, il permet de détecter et de suivre l’évolution de la radioactivité lors de situations accidentelles et ainsi d’adapter les mesures de protection et de prévention des populations, et d’intervention des travailleurs.

La France est actuellement dépourvue d’installation pour l’étalonnage des appareils mesurant les faibles débits d’équivalent de dose ambiant (10-100 nSv/h) notamment déployés pour les mesures dans l’environnement en situation normale ou de crise. Ce projet vise à établir une installation d’étalonnage dans cette gamme d’utilisation. Ce travail s’inscrit aussi dans le cadre normatif de l’ISO. Une telle installation doit présenter un bruit de fond radiatif naturel et artificiel aussi bas que possible afin de pouvoir discerner des débits d’équivalent de dose dus au faisceau d’étalonnage dans la gamme recherchée.

Ce projet vise à établir une installation d’étalonnage pour les faibles débits d’équivalent de dose, inférieurs à un μSv/h, dont la France est démunie à l’heure actuelle.

Objectifs

Préciser les limites d’utilisation des installations existantes au LNE-LNHB (irradiateur multi-source) pour les faibles débits au travers de mesures de bruit de fond et de rayonnements diffusés, dans l’hypothèse de l’ajout de filtres dans le faisceau ;

Concevoir, fabriquer et installer une enceinte permettant de réduire la composante de bruit de fond radiatif et d’accueillir des sources de photons de faible activité ;

Caractériser les champs de rayonnements au point de mesure dans cette enceinte ;

Contribuer au projet de norme internationale ISO sur les étalonnages pour le suivi de l’environnement ;

Mettre en place une méthode d’étalonnage permettant d’offrir un nouveau service d’étalonnage COFRAC pour les bas débits de dose ;

Ajouter une ligne ou étendre le domaine de débit d’une ligne existante de « Calibration and Measurement Capability » (CMC) à la « Key Capabilities Data Base » (KCDB) gérée par le BIPM et décrivant toutes les possibilités d’étalonnage des laboratoires de métrologie nationaux.

Résumé et premiers résultats

La France est actuellement dépourvue d’installation pour l’étalonnage des appareils mesurant les faibles débits d’équivalent de dose ambiant (10-100 nSv/h) notamment déployés pour les mesures dans l’environnement en situation normale ou de crise. Ce projet vise à établir une installation d’étalonnage dans cette gamme d’utilisation. Ce travail s’inscrit aussi dans le cadre normatif de l’ISO. Une telle installation doit présenter un bruit de fond radiatif naturel et artificiel aussi bas que possible afin de pouvoir discerner des débits d’équivalent de dose dus au faisceau d’étalonnage dans la gamme recherchée.

Deux configurations complémentaires seront étudiées :

  • L’une par filtration de faisceaux collimatés existants au LNE-LNHB pour réduire les débits rencontrés sur ces installations et en déduire les limites de leur utilisation;
  • L’autre avec l’installation d’une enceinte blindée permettant de réduire le niveau de bruit de fond et au sein de laquelle des sources radioactives de faible activité, fabriquées par le LNE-LNHB, seront introduites pour définir le champ de rayonnement d’étalonnage. A minima, deux sources seront utilisées (137Cs et 60Co). Les valeurs de référence en termes d’équivalent de dose au point de mesure dans l’enceinte seront établies par transfert à partir des faisceaux collimatés du LNE-LNHB, traçables à ses références primaires.

L’expérience acquise lors du projet européen « Metrology for radiological early warning networks in Europe (MetroERM) » entre 2014 et 2017 sera mise à profit dans le cadre de cette étude. La conclusion du projet verra le LNE-LNHB contribuer activement aux travaux de normalisation internationale de l’ISO sur les étalonnages pour l’environnement et mettre en place une méthode supportant un nouveau service d’étalonnage COFRAC pour les bas débits de dose. Une comparaison avec l’un ou l’autre, ou plusieurs des laboratoires au monde disposant d’installations dédiées à cette application, sera planifiée pour offrir un nouveau service d’étalonnage COFRAC pour les bas débits de dose et supporter les lignes CMC nécessaires dans la base de données du BIPM.

Impacts scientifiques et industriels

Assurer à la France une indépendance en matière de mesure dans l’environnement traçable à une référence nationale pour la caractérisation et l’étalonnage :

  • des objets connectés participant à la démocratisation des moyens de mesure dans l’environnement ;
  • des dispositifs de mesure déployés sur le terrain en cas de crise radiologique ;
  • des installations de mesure de l’environnement.

Conforter la position de la métrologie française au sein du groupe de normalisation internationale pour les champs de rayonnements de référence.

 

Projets connexes

Partenaires/Collaborations

Le lien de ce projet avec les travaux de l’ISO TC85 (comité technique énergie nucléaire) SC2 (sous-comité radioprotection) WG2 (groupe de travail sur les rayonnements de référence) a déjà été souligné, notamment le NMIJ (Japon) qui dispose d’une installation voisine de celle proposée ici. La rédaction de la norme relative aux étalonnages pour les faibles débits constitue une collaboration qui sera principalement mise à profit pour l’étape finale du projet.

Depuis déjà quelques années, les techniques avancées de radiothérapie font appel à des installations disposant de faisceaux de traitement de type photons, avec une haute énergie et délivrés avec des débits de dose très élevés. L'augmentation du débit de dose est réalisée en retirant le filtre égalisateur (appelé aussi cône égalisateur) qui est présent habituellement dans les systèmes de collimation des faisceaux dits standards, ou en en utilisant un d’épaisseur réduite. On obtient ainsi un faisceau sans filtre égalisateur de type "FFF", d'après l'abréviation des termes anglais « Flattening Filter Free ».

Lors des inscriptions aux campagnes menées par le LNE-LNHB d’étalonnage de dosimètres médicaux, la demande d’étalonnage pour des faisceaux « FFF » en plus des faisceaux conventionnels ne cesse d’augmenter. Or à ce jour, les étalonnages ne se font que sur des faisceaux conventionnels.

Cette étude a pour objectif la réalisation de références dosimétriques par calorimétrie eau dans les faisceaux de photons de haute énergie et de haut débit de dose (de type FFF) de l’accélérateur Varian TrueBeam du LNE-LNHB sur la plate-forme DOSEO.

Objectifs

Mesure primaire du débit de dose absorbée dans l’eau pour les faisceaux de photons de haute énergie et de hauts débits de dose correspondant à des faisceaux FFF.

Détermination et évaluation des différences entre résultats d’étalonnages de dosimètres obtenus à partir des mesures hauts débits (FFF) et ceux effectués au débit standard (conventionnels). 

Résumé et premiers résultats

Lors du traitement de tumeurs par irradiation externe au moyen de faisceaux de photons X de haute énergie produits par des accélérateurs, la dose absorbée à la tumeur est obtenue au moyen de programmes de calcul de planification des traitements. Ces derniers sont « alimentés » par une mesure de dose dans le faisceau de photons de l’utilisateur au moyen de dosimètres étalonnés dans les conditions de référence définies par les protocoles internationaux. Du fait de l’introduction de la technique de Radiothérapie Conformationnelle par Modulation d’Intensité (RCMI) avec des faisceaux de haut débit et plus globalement des nouvelles modalités de traitement avec des photons de haute énergie, les conditions de référence du protocole actuel sont de plus en plus éloignées de celles du traitement. Il est donc nécessaire d’établir de nouvelles références dosimétriques, dans des conditions plus proches de celles utilisées pour ces traitements, en particulier les faisceaux FFF.

Le but de l’étude engagée par le LNE-LNHB est d’établir des références dosimétriques spécifiques pour ces faisceaux en termes de dose absorbée de l’eau par calorimétrie dans l’eau, et d’utiliser les résultats obtenus pour mieux connaître les coefficients d’étalonnage des dosimètres des services de radiothérapie pour ce type de faisceaux.

Impacts scientifiques et industriels

Cette étude a pour but d’apporter des informations sur la variation du coefficient d’étalonnage de divers types de chambres d’ionisation entre les faisceaux conventionnels et les faisceaux FFF d’un Varian TrueBeam et ainsi d’augmenter les connaissances disponibles à ce sujet.

Partenaires/Collaborations

Partenariat avec le centre régional de lutte contre le cancer d'Angers, ICO - Site Paul Papin.

En métrologie des rayonnements ionisants, l’unité becquerel, unité dérivée du SI correspondant au nombre moyen de désintégrations radioactives par seconde, est obtenue par des méthodes primaires de mesure de l'activité. Une particularité du becquerel est que des étalons primaires doivent être réalisés pour chaque radionucléide individuellement, ce qui nécessite une certaine connaissance préexistante : schéma de désintégration, données nucléaires associées et données liées à la relaxation atomique subséquente.

Dans le cas des mesures primaires d’activité des émetteurs bêta purs avec la technique de la scintillation liquide, la précision dépend directement de la connaissance du rendement de détection. Or, la détermination du rendement de détection requiert la probabilité d’émission des particules bêta aux différentes énergies, c’est-à-dire la forme des spectres d’émission bêta. Par conséquent, la détermination précise de ces formes de spectres bêta est fondamentale pour la réalisation du becquerel des émetteurs bêta purs.

Objectifs

Développer une modélisation générale des transitions interdites dans les désintégrations par interaction faible et d’en quantifier la précision par une comparaison avec de nouvelles mesures. 

 Amélioration des prédictions théoriques.

Evolution d’un dispositif expérimental existant pour étendre les possibilités de mesure à un plus grand nombre de transitions.

Transfert de ces résultats aux utilisateurs à travers les données atomiques et nucléaires évaluées.

Résumé et premiers résultats

L’étude des spectres bêta, tant expérimentale que théorique, a joué un rôle majeur dans notre compréhension des interactions fondamentales au cours du XXème siècle. Les recherches ont été actives sur cette thématique jusque dans les années 1970, puis sont passées de mode. Les installations de mesure ont été démantelées et les codes de calculs, lorsqu’ils n’ont pas disparu avec leurs auteurs, sont pour la plupart restés inaccessibles. Cette thématique a connu un regain d’intérêt ces dix dernières années. La précision des simulations Monte Carlo, associée aux puissances de calcul toujours plus importantes, permet d’envisager des études précises pour caractériser un système de détection, évaluer l’impact d’un dépôt d’énergie au niveau cellulaire, ou encore déterminer la contribution de la radioactivité naturelle à des mesures à bas niveau de bruit. Ces simulations sont relativement faciles d’accès et sont de ce fait mises en oeuvre au sein de nombreuses communautés scientifiques. Elles restent cependant tributaires des données de désintégration atomiques et nucléaires. La question de la qualité, de la précision et de la complétude de ces données se fait donc de plus en plus pressante. Dans ce contexte, les informations liées aux transitions par interaction faible, désintégrations bêta comme captures électroniques, sont apparues incomplètes et insuffisamment précises.

Le LNE-LNHB a acquis ces dernières années une forte expertise dans l’étude des spectres bêta, tant expérimentale que théorique. L’un des résultats majeurs obtenus est le code de calcul BetaShape, qui a été mis à la disposition des utilisateurs et qui a déjà contribué à améliorer les données évaluées par le LNE-LNHB. L’étude des effets atomiques à basse énergie, considérés jusqu’alors comme négligeables, a permis de réaliser des prédictions théoriques en excellent accord avec les spectres de haute précision mesurés par calorimétrie métallique magnétique. L’impact important d’une description précise des spectres en énergie des particules bêta sur les mesures d’activité primaires par scintillation liquide a été clairement démontré. Des discussions sont en cours au niveau international pour adopter ces prédictions théoriques lors des futures intercomparaisons organisées par le BIPM.

Le degré de complexité nécessaire à des prédictions fiables n’est pas identique pour tous les types de transitions. Les transitions interdites sont particulièrement difficiles à modéliser car elles sont très sensibles aux structures atomiques et nucléaires des radionucléides. De plus, inclure ces structures dans les modèles est indispensable même pour les transitions permises si une précision de l’ordre de 1 % est recherchée. L’objectif principal de ce projet est de développer une modélisation générale des transitions interdites dans les désintégrations par interaction faible et d’en quantifier la précision par une comparaison avec de nouvelles mesures.

Impacts scientifiques et industriels

  • Une meilleure connaissance des transitions bêta et des captures électroniques permet d’améliorer la réalisation de l'unité becquerel en métrologie des rayonnements ionisants, et plus particulièrement dans le cas des radionucléides émetteurs bêta pur.
  • Ce projet contribue à réduire les incertitudes sur les données relatives à la désintégration nucléaire et à établir des étalons d'activité avec une précision et une exactitude accrues, nécessaires pour les applications industrielles. Des données améliorées sur la désintégration des radionucléides émetteurs bêta sont importantes dans l'industrie nucléaire pour le calcul de la puissance résiduelle des réacteurs à l'arrêt, ainsi que pour la gestion des déchets nucléaires. Une meilleure connaissance de la forme du spectre bêta est aussi très importante pour les radionucléides émetteurs bêta utilisés en médecine nucléaire car l'estimation de la dose administrée et les effets physiologiques en dépendent fortement. Cela est particulièrement vrai en dosimétrie interne en raison du transfert d'énergie linéique beaucoup plus élevé aux basses énergies. L’amélioration de la connaissance des spectres bêta permettrait de consolider la recherche sur les effets des rayonnements dans les tissus humains au niveau cellulaire.
  • Les méthodes développées et les résultats obtenus peuvent être utiles à de nombreuses expériences de recherche fondamentale qui nécessitent des données atomiques et nucléaires de grande précision. À titre d'exemple, les conclusions parfois fortes de toutes les expériences de physique des neutrinos mesurant des antineutrinos issus de réacteurs nucléaires sont limitées par la connaissance du spectre en énergie des particules bêta émises par les produits de fission au coeur du réacteur. L'utilité de ces expériences serait grandement renforcée par l'amélioration des données sur les spectres bêta, provenant d'expériences et de calculs de grande précision. On peut également citer certaines expériences essayant de mettre en évidence la matière noire.

Projets connexes

Partenaires/Collaborations

Ces études sur les transitions par interaction faible et la coordination d’un groupe de travail de l’ICRM dédié à la spectrométrie bêta amènent le LNE-LNHB à collaborer avec de nombreuses équipes.

 

International :

  • Agence Internationale de l’Energie Atomique (AIEA), Nuclear Data Section, Autriche. (données nucléaires)
  • Agence de l’Organisation de Coopération et de Développement Economique pour l’Energie Nucléaire (OCDE/AEN), France. (données nucléaires)
  • Collaboration “BeEST” : Colorado School of Mines, Lawrence Livermore National Laboratory, Stanford University, États-Unis ; TRIUMF, Canada. (physique expérimentale, physique théorique)
  • National Nuclear Data Center, Brookhaven National Laboratory, États-Unis. (données nucléaires)
  • Physics Division, Oak Ridge National Laboratory, États-Unis. (physique expérimentale)

Europe :

  • PTB Braunschweig, Division 6 Ionizing Radiation, Allemagne. (métrologie)
  • Czech Metrology Institute, République Tchèque. (métrologie)
  • KU Leuven, Nuclear and Radiation Physics Section, Belgique. (physique théorique)
  • Department of Physics, University of Jyväskylä, Finlande. (physique théorique)
  • Gonitev BV et TU Delft, Department of Radiation, Science and Technology, Pays-Bas. (physique expérimentale)

France :

  • Université de Strasbourg et Institut Pluridisciplinaire Hubert Curien, groupe Théorie et groupe RaMsEs, France. (physique expérimentale, physique théorique)
  • Grand Accélérateur National d’Ions Lourds (GANIL), France. (physique expérimentale)
  • Institut National de Physique Nucléaire et de Physique des Particules (IN2P3), Subatech, Groupe Erdre, France. (physique expérimentale, physique théorique)
  • CEA, Institut de Recherche sur les lois Fondamentales de l’Univers (IRFU), Départements de Physique Nucléaire et de Physique des Particules, France. (physique expérimentale, physique théorique)
  • CEA, Direction des Applications Militaires sur le centre de la Direction d'Ile-de-France (DAM-DIF), Service de Physique Nucléaire, France. (physique théorique)